Les chirurgies des extrémités chez le chien et chat à la clinique ABVET
Certaines maladies orthopédiques graves peuvent avoir un pronostic désespéré et conduire à une amputation. Néanmoins, il existe des techniques chirurgicales et des moyens de traitement permettant le sauvetage d'un membre malgré le pronostic initial.
Parmi les maladies dont le pronostic est grave citons les absences de consolidation osseuse (pseudarthroses), les déformations graves des membres, les destructions articulaires associées aux arthrites sceptiques et à l'arthrose terminale, les écrasements des extrémités ou leurs nécroses (mort des tissus) et l'enraidissement en extension du genou.
Les nonunions ou pseudarthroses et les défauts de consolidation graves des membres
Les nonunions surviennent lorsque les conditions mécaniques et biologiques de cicatrisation osseuse ne sont pas présentes.
Il en résulte une absence de cicatrisation osseuse 12 semaines après l'intervention (photos 1 et 2).
Les consolidations anormales des fractures appelées malunions s'observent en l'absence de traitement des fractures ou lors de complications lors des traitements.
Photos 1 et 2 : radiographies préopératoires d'une nonunion du tibia après fracture de broche 14 semaines après l'intervention
Photos 3 et 4 : radiographies postopératoires (photo 3) et 6 semaines après l'intervention (photo 4) témoignant de la guérison de la nonunion du tibia Les consolidations anormales des fractures appelées malunions s'observent en l'absence de traitement des fractures ou lors de complications du traitement et sont caractérisées par un alignement anormal des segments osseux fracturés (photos 5).
Photo 5: radiographies préopératoires d'une cicatrisation vicieuse après ostéosynthèse d'une fracture du radius cubitus 9 mois après l'intervention.
Le traitement de ces malunions est chirurgical et se fait par la correction de la déformation osseuse avec un redressement et une nouvelle ostéosynthèse de façon à retrouver un axe osseux physiologique (photos 6).
Notez la courbure anormale du radius et du cubitus
Photo 6: radiographies postopératoires du chien de la photo 5 témoignant du bon alignement du membre
Destructions articulaires associées aux arthrites sceptiques et à l'arthrose terminale
Photos 7 et 8 : radiographies préopératoires du genou 9 mois une après une TPLO (traitement de la déchirure du ligament croisé).
Notez la destruction du fémur suite à une infection articulaire (arthrite septique)
Les articulations peuvent être totalement détruites après une infection articulaire (arthrite septique) (photos 7 et 8), en fin d'évolution d'une arthrose ou après un traumatisme articulaire grave.
Lorsque l'articulation est détruite seule deux options chirurgicales sont envisageables : les prothèses et les arthrodèses.
Toutefois, les prothèses ne sont utilisées que pour la hanche et le coude chez le chien. Pour les autres articulations, l'arthrodèse est la seule option.
Photo 9 : radiographie 12 semaines après l'arthrodèse du genou chez le chien des photos 7 et 8
Vidéo 1 : notez la qualité de la marche 6 mois après l'intervention malgré l'arthrodèse et la raideur
L'arthrodèse peut être considérée comme un traitement des maladies terminales des articulations des tarses et des carpes principalement mais également des coudes, des épaules ou des grassets dans certains cas.
Cette technique consiste fusionner deux segments osseux au dépend de l'articulation par exérèse du cartilage, greffe d'os spongieux et ostéosynthèse.
L'intervention est planifiée de manière à ce que l'angulation des segments osseux se rapproche le plus possible de la position physiologique de l'articulation traitée et permette à votre animal de se déplacer avec le maximum de confort (photo 9 et vidéo 1).
Dans les cas où la pose d'une prothèse n'est pas envisageable, la réalisation d'une arthrodèse permet de sauvegarder le membre et de ne pas recourir à l'amputation. Votre animal, après une très courte période d'adaptation, retrouvera une mobilité tout à fait normale.
Conservation d'une extrémité écrasée, nécrosée ou gangrénée
Les chiens ou les chats sont souvent victimes d'accidents de voiture, de chute, de morsures ou de maladies engendrant un écrasement ou une nécrose voire une gangrène de l'extrémité.
L'aspect initial de l'extrémité peut faire penser en première intention à une amputation. De nombreuses techniques chirurgicales permettent la sauvegarde de l'extrémité avec un excellent pronostic et une marche de qualité.
Chirurgie reconstructrice
La chirurgie reconstructrice des extrémités traumatisées permet leur recouvrement grâce à l'utilisation de techniques de transfert de peau d'une partie du corps à une autre.
La perte cutanée peut être étendue à tous les membres lors d'un « dégantage » très fréquemment secondaire à un accident de la route avec écrasement du membre (photos 10 à 13), le tout associé à des fractures.
Photo 10 : vue préopératoire du membre accidenté avec nécrose et perte cutanée intéressant toute l'extrémité
Photo 11 : vue pendant l'intervention de utilisation d'un lambeau cutané recouvrant la perte de substance
Photos 12 et 13 : vues postopératoires 4 semaines (photo 12) et 6 semaines (photo 13) après la reconstruction.
Des greffes en pastilles ont été utilisées sur la plaie afin d'accélérer la cicatrisation
Besoin d’une consultation à distance ?
Besoin de nous contacter ?
01 46 41 05 93
Besoin
d’informations ?
Podoplasties
Il est fréquent que le chien ou le chat perde un ou plusieurs doigts. Il est possible de reconstruire l'extrémité en utilisant 1,2 voir 3 doigts ou leurs coussinets. Ces techniques sont connues sous le nom de podoplasties. Les coussinets des doigts, principaux et accessoires sont utilisés pour recouvrir l'extrémité.
Un seul coussinet, même de petite dimension, permettra de retrouver une marche confortable comme nous l'illustrons avec ce Springer français qui avait perdu trois de ses extrémités à la suite d'une piroplasmose. Seule la reconstruction de l'extrémité du membre antérieur gauche sera utilisée pour démonstration mais de nombreux autres techniques existent (photos 14 à 18).
Photo 14 : vue de l'extrémité du membre antérieur gauche chez un Springer après nécrose de l'extrémité suite à une piroplasmose
Photos 15 et 16 : schémas illustrant la reconstruction de l'extrémité avec amputation de celle-ci et réalisation d'un lambeau déplaçant le coussinet accessoire
Photos 17 et 18 : vue de l'extrémité en post-opératoire (photo 17) et 7 semaines après l'intervention (photo 18). Le coussinet accessoire a pris la forme d'un coussinet volumineux et fonctionnel
Reconstructions complexes
La conservation de certaines extrémités peut-être délicate et faire appel à des reconstructions osseuse, musculaire et cutanée pour les cas les plus complexes. Dans l'exemple de ce chat européen de 3 ans, la morsure lors d'une bagarre par un autre chat a engendrée une gangrène et une destruction tissulaire étendue et grave (photo 19).
L'infection a engendré une nécrose de la peau, des muscles et des os. La reconstruction musculo-cutanée (photo 20), osseuse avec utilisation de substitut osseux et de cellules souches (photo 21) a permis la préservation de l'extrémité (photo 22).
Photo 19 : vue du membre antérieur droit après gangrène de l'extrémité suite à une morsure chez un chat de 3 ans
Photo 20 : reconstruction des tissus mous par transfert de la peau et des muscles du thorax sur l'extrémité
Photo 21 : radiographies de la reconstruction osseuse avec utilisation d'un substitut osseux et de cellules souches, le tout maintenu par des fixateurs externes
Photo 22 : photo du chat des photos 19 à 21, 18 mois après l'intervention
Enraidissement en extension du genou et maladie fracturaire
La maladie fracturaire est une complication du traitement des fractures avec immobilisation.
La forme la plus connue est l'enraidissement en extension du genou mais toutes les articulations peuvent être atteintes avec perte de leur mobilité.
Le membre atteint est maintenu en extension rigide (photo 23); généralement, l'animal n'utilise pas son membre lors de la marche et ne peut le fléchir.
Cette maladie est caractérisée par une atrophie de tous les tissus et une perte de mobilité de l'articulation concernée (photo 24). Cette complication est considérée comme irréversible en l'absence d'intervention chirurgicale.
Le traitement de l'enraidissement en extension du genou utilise une désinsertion des adhérences entre les muscles de l'appareil extenseur de la jambe et le fémur, voire une désinsertion de ses muscles (photo 25).
Le membre est maintenu en semi flexion pendant trois semaines avant une période de rééducation.
Le pronostic est généralement favorable car l'animal peut remarcher même s'il a perdu une mobilité normale genou (photo 26).
Photo 23 : vue du membre chez un boxer atteint d'une hyperextension du genou gauche après ostéosynthèse du fémur
Photo 24 : radiographie du fémur guéri avec le genou en hyperextension
Photo 25 : vue peropératoire après libération des muscles et flexion du genou
Photo 26 : vue du chien des photos 23 à 25, 12 semaines après l'intervention. Notez la position de marche du membre postérieur gauche
De nombreuses autres techniques chirurgicales permettent de récupérer des extrémités très compromises. N'hésitez pas à nous contacter pour tout renseignement.